Longtemps effacée par les communes limitrophes de Biarritz et Bayonne à la renommée internationale, Anglet a su se distinguer par ses atours, valorisant un patrimoine naturel. Fière de sa forêt et de ses plages, la ville peut se vanter d’avoir toujours été en adéquation avec ses valeurs au travers de l’histoire et d’offrir une magnifique légende aux curieux et aux romantiques, celle de la Chambre d’Amour.

L’histoire d’une ville au passé passionnant

Anglet avant 1900, un territoire forestier et agricole 

C’est en 1050 qu’une paroisse est pour la première fois déclarée, à l’emplacement géographique d’Anglet. Il faudra attendre 1188 pour la voir citée sous le nom d’Angles. Durant plusieurs siècles, elle est connue comme un territoire peu hospitalier, présentant plus d’étendues d’eau et de barthes que de terres agricoles. Seule essence adaptée aux terrains sablonneux et humides, le pin maritime est alors cultivé et l’exploitation forestière des pignadas devient une activité commune générant du bois, mais également de la résine, indispensable à la confection de térébenthine. Anglet développe aussi des activités agricoles diverses et se peuple de meuniers, de vachers et de vignerons. Lors du détournement de l’Adour et la création de l’embouchure bayonnaise au 16e siècle, la pinède angloye prendra le rôle d’une barrière de protection à l’ensablement du fleuve. Toutefois, la végétation ne sera pas suffisante à maintenir les sols et la construction d’une digue sera nécessaire pour préserver l’entrée du chenal de la houle et de la vague destructrice par fortes marées, « la barre ».

Anglet après 1900, un essor touristique 

Il faudra attendre la fin du 19e siècle pour qu’Anglet rivalise d’attraits touristiques avec Biarritz. Les activités sportives et mondaines proposées par la commune deviennent alors incontournables. Hippodrome, chasse à courre dans la forêt de Chiberta, établissements de bains de mer à la Chambre d’Amour sont autant d’options de divertissement offertes par la ville. Le golf de Chiberta verra le jour en 1927, accompagné d’un lotissement haut de gamme. L’accélération de son développement ne lui fait pas pour autant oublier ses valeurs et Anglet, tournée vers la nature, accueillera à la même époque la communauté religieuse des Bernardines, poursuivant les activités d’élevage et la culture des terres agricoles. Elle ne négligera jamais sa devise gasconne « Ma e Pignada per m’aida » (« La mer et la pinède pour m’aider »). Le 20e siècle est également marqué par l’implantation d’industries, telles que l’usine d’aviation Latécoère ou la poudrerie de Blancpignon.

La légende de la Chambre d’Amour d’Anglet 

L’origine du nom de la Chambre d’Amour 

La véritable origine de cette appellation désormais si connue est ouverte au débat. On trouve mention de ce nom en tant qu’expression, dans un récit de Pierre de Rosteguy de Lancre, actif participant de la triste chasse aux sorcières en Labourd, du début du 17e siècle. Il parle alors des chambres d’amour de la coste d’Anglet comme de grottes propices à la dépravation du Sabbat. En 1647, Étienne Cleirac, jurisconsulte bordelais spécialisé en droit maritime et dans l’étude de la pêche à la baleine des côtes de Guyenne, fera référence à la chambre d’amour dans son livre Us et Coutumes de la mer. La légende quant à elle fait sa première apparition dans l’œuvre du romancier François d’Arnaud de Baculard en 1784, Délassement de l’homme sensible ou anecdotes diverses, dont les protagonistes portent les noms d’Angélique et Henry. 

La légende moderne, emplie de romantisme 

En 1817, c’est Étienne de Jouy qui en délivre la version adoptée par la ville, dans son livre L’Hermite en province. Un extrait est proposé de nos jours à l’entrée de la grotte. La légende conte l’histoire de Saubade, fille éduquée d’un pasteur, et Laorens, jeune pêcheur orphelin, privés de la liberté de se fréquenter en raison de leurs différentes conditions sociales. Ne pouvant dépasser les barrières familiales et s’unir, ils firent le serment d’être l’un à l’autre jusqu’au dernier jour. Les amants profitèrent de l’absence du père de la jeune fille pour se retrouver. Marchant sur le bord de mer, ils découvrirent l’entrée d’une grotte, alcôve qui leur servirait de refuge. Ne songeant qu’à s’aimer, le couple n’entendit pas la tempête arriver. Lorsqu’ils comprirent leur erreur et le piège dans lequel ils se trouvaient, il était déjà trop tard. Les vagues se déchaînèrent, engloutissant les amoureux toujours enlacés et prêts à exaucer leur promesse. La grotte de la Chambre d’Amour a disparu durant plusieurs années, ensevelie par le sable. Il faudra attendre 1978 pour que la ville d’Anglet entreprenne des travaux de recherches et dégage enfin son entrée.

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Crédit photo Le Guide du Pays Basque.com